Verbatim n°2 du rassemblement du samedi 12 septembre 2020
En la Chapelle Notre-Dame de l’Espérance, à Evry-Courcouronnes, 30 participants sont intervenus, à tour de rôle et sans débat, pour répondre à deux questions :
1. Comment avez-vous vécu le confinement dû à la pandémie / votre foi et / à l’Église ?
2. Que pensez-vous du futur synode diocésain ?
Deux personnes prenaient des notes, avec l’objectif d’en faire une synthèse.
Plutôt que de réduire les propos et la pensée de chacun, nous préférons livrer la version intégrale de chacun.
Voici la version établie par Joseph NOUVELLON.
Cette dame, qui vient de Brunoy et, pour la première fois au groupe « Galates », a très bien vécu ce temps, sans les autres ; mais elle a constaté que faire durer les liens, ce n’est pas l’habitude des chrétiens : « sans les autres, parce que les autres ne me manquent pas ».
Dans une commune voisine, quand on bénéficie de bonnes conditions de logement, on vit bien cette situation, mais les relations manquent bientôt : un coup de téléphone et puis, plus rien. C’est un passage à vide : combien de fidèles retourneront-ils à l’église ? Cependant, on réfléchit davantage, on prie pour ceux qui ont la charge du peuple : les prêtres, mais nous aussi ? Et on peut s’interroger sur des mots récités chaque jour : faut-il croire EN l’Eglise ou croire À l’Église ?
Tel autre a bien suivi les messes à la télévision, sans éprouver de manque d’Eucharistie. Pour le synode, il conviendra de distinguer ce qui concerne l’Eglise universelle et ce que nous pouvons faire ici, dans nos paroisses, où il s’agit de développer l’association entre prêtres et laïcs dans leurs différentes instances, (conseil pastoral…)
La personne suivante a su entretenir un bon « relationnel », elle a bien vécu ces semaines, beaucoup lu et beaucoup communiqué par Internet, mais elle n’a pas trouvé très « communicante » sa pratique de l’Eucharistie sur Antenne 2 ; cela lui pose des problèmes d’ordre théologique.
Et de se demander quelle parole est ici (à la messe) apportée par l’Eglise.
Une autre a très mal vécu ce temps, qu’elle considère comme perdu ; elle n’a pas rencontré la communauté, ni aucun pasteur, ni aucun autre…Le synode ?, l’Eglise verte ? Elle n’y voit rien.
Un retraité, qui se sent bien, vient de constater la médiocrité des émissions de télévision mais il a réappris à prier avec son épouse.
Un autre, venu de l’autre côté de la Seine, a apprécié les émissions religieuses protestantes, animées par une femme…Sur le synode : rien à dire ! Mais il constate qu’aujourd’hui 80 % des nouveau-nés ne sont pas baptisés ; et que les Catholiques semblent bien satisfaits de leur situation de minoritaires.
Quand, dit une habitante d’Evry, on a une large terrasse, et le téléphone…on a aussi le temps de parler, d’échanger, de prier, de voir que KTO est intéressante, et, grâce à la marche, de réciter le chapelet. Pas d’opinion précise sur le Synode…surtout quand on est déçu par le passé sur ce terrain.
A Chilly-Mazarin, on a occupé le temps à confectionner des masques ; ce n’est pas l’Eucharistie qui aurait manqué, mais plutôt la communication avec les autres. Sur le Synode, pas de réponse.
Un autre Evryen a pu développer sa communication avec son épouse, (en regardant les photos familiales) ; il n’a regardé aucune messe à la télévision, et préféré prendre, chaque jour, quarante minutes pour méditer ; et, en août, il a vécu une A.D.A.P., en ressentant une véritable communion des présents : il ne ressent pas cela aux messes habituelles, où les communautés sont théoriques puisque les participants ne se connaissent pas.
Le synode ? Ayant lui-même plus de soixante ans, il n’est pas concerné.
Toujours à Evry, un couple a entrepris une marche quotidienne et s’est nourri de notes sur Internet, mais il regrette de n’avoir pas eu de contact avec l’équipe pastorale.
Le synode ?… On ne sait pas où on va…
Encore à Evry, un enseignant a pu prendre davantage de temps avec ses collègues et avec ses enfants ; mais il reste à trouver un sens au confinement…aller à la recherche de la brebis perdue ? L’Eucharistie ne lui a pas vraiment manqué ; du synode, il n’a pas grand-chose à dire. Pourquoi un synode ? Ne vaut-il pas mieux d’agir par soi-même ?
Parfois on peut être content que le confinement nous évite de voir ou revoir certaines personnes, mais les rencontres avec les voisins peuvent être avantageusement approfondies. Internet, les voisins, le jardinage, les enfants, la solidarité sur le terrain…les raisons d’être plutôt satisfaits ne se comptent pas, même en vivant l’Eucharistie sur Antenne2. Pourquoi alors retourner à la paroisse ? Sans doute pas pour le synode…
A Saint-Michel-sur-Orge, on est sidéré : par la dispense de pratique dominicale décrétée par l’Evêque, par des communautés sans fidèles, par cette « nourriture spirituelle » sur Internet, sidérée par le contingentement des places dans les églises, (où beaucoup ne reviendront plus). Sidération qui laisse place à un manque de confiance : qui a fait appel à la responsabilité des fidèles ? Avec tout cela, le synode ne peut inspirer grand-chose !
A Etiolles , un professionnel en activité, qui a pratiqué le télétravail, a passé beaucoup de temps avec ses enfants et, en travaillant différemment, a mis en cause bien des certitudes. Il a continué à vivre l’Eucharistie et trouvé à KTO de bonnes émissions…
A Dourdan, on regardait les messes télévisées en famille et on y invitait les voisins ; l’idée est alors venue d’aménager des temps de partage à quatre ou cinq personnes.
Le thème du synode annoncé, « Évangélisation et prendre soin » est bon ; lui permettra-t-il de prendre la bonne direction ?
Le participant suivant n’a pas eu de contacts durant ce temps et considère que le synode est déjà fait…Un autre y a trouvé un bonheur absolu, encore que décevant sur le plan spirituel ; mais il se montre très inquiet sur le synode, parce qu’il considère que personne n’y croit. Mais un troisième à la suite s’interroge sur le silence de l’Eglise durant ce même temps, tant au plan national qu’au diocésain et au plan paroissial : où aller ? Que faire ? Pas de réponse. Ce qui le conduit à n’avoir du synode aucune attente.
A côté, on voit un renouvellement dans l’Eglise : un tiers de partants, un tiers de nouveaux fidèles ? Pour le synode, il faut compter sur notre rencontre avec l’évêque et les responsables qu’il a choisis pour le préparer.
Mais la personne suivante se pose beaucoup de questions sur la Foi et sur la vie chrétienne, sur la fonctionnement de l’Eglise ; laquelle qui continue de se confiner dans l’intranet. Pour l’Eglise d’après, il croit surtout à la « synodalité ».
Et le suivant : le retour sur soi-même peut très bien se faire à travers la messe, accessible par un simple clic. Mais il amène à réfléchir sur la notion de « Sacrifice » et sur son sens ; (et de citer la Prière sur le monde de Teilhard).
Tenir le silence, se promener, méditer, prier : l’Eucharistie manque alors moins.
Revenons à Dourdan : les circonstances sont favorables pour bien vivre le confinement, mais vivre au ralenti et aussi pour innover : une messe de secteur transmise sur internet, qui s’est avérée être l’expression d’une volonté collective de la communauté locale, laissant une impression de nouveau et de fraicheur ; « on a alors senti que l’Eucharistie fait l’Eglise ».
Pour le synode, on peut être optimiste en comptant sur l’action du Saint-Esprit.
A Saint-Michel, les célébrations et les émissions religieuses catholiques montrent leur caractère rituel, formel, rigide, surtout par rapport aux protestants. Ne peut-on innover en faisant des partages d’Evangile sur « Zoom » ?
Mais un autre demande : qu’est-ce qu’une communauté chrétienne qui n’échange pas ? Le partage ici n’est-il pas celui de la Parole de Dieu ?
Le temps du confinement peut aussi avoir permis à certains de mieux connaître leur ville et ses quartiers et… de pratiquer la gymnastique ; et aussi la réflexion spirituelle qui ne devrait maintenant plus cesser et se développer.
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